Les raisins de Pierre Joseph Redouté

Tout a commencé en 1801 quand Bonaparte, alors Premier consul, a nommé Jean-Antoine Chaptal ministre de l’intérieur (on peut en 2 mots expliquer la chaptalisation). Celui-ci avait compris l’importance des vins et spiritueux dans les échanges commerciaux internationaux et l’apport de devises que cela générait. A cette époque, 90% des vins français étaient de mauvaise qualité : « une piquette pour la soif ». Or l’Italie et l’Espagne avaient commencé à améliorer la qualité de leur vin et étaient en compétition directe avec la France.

Chaptal demanda à tous les préfets des départements nouvellement créés, de lui envoyer des boutures des cépages cultivés dans leurs territoires respectifs. Louis-Augustin Bosc, muni de pleins pouvoirs, fut nommé directeur de la pépinière du Luxembourg où il fit planter les 570 pieds de vigne (montrer sur le livre les 2 gravures : celle du Luxembourg où la vigne est plantée du côté du Val-de-Grâce et la gravure suivante de la plantation de vigne vue de plus près. Dire que la pépinière a disparu suite aux travaux du baron Hausmann).

Chaptal ayant dans l’idée de faire une sélection de la vigne pour en retirer les meilleurs éléments, savoir les identifier et mettre fin au « chaos des synonymes », pensa alors à demander aux peintres botanistes les plus illustres de l’époque de reproduire tous les cépages de vigne rassemblés au Luxembourg pour en faire une collection. Il fit appel en particulier à Pierre-Joseph Redouté (vous connaissez ?), plus connu pour ses aquarelles des roses de la Malmaison (une reproduction des roses est sous le livre en démonstration), ainsi qu’à 4 de ses contemporains peintres botanistes du muséum (pas besoin de les citer mais si on vous demande : Henri-Joseph Redouté, Pierre-Antoine Poiteau, Pierre-Jean-François Turpin, Thérèse Baudry de Balzac et Pancrace Bessa). Ils réalisèrent des aquarelles sur vélin (vous connaissez ? – expliquer ce qu’est un vélin, à partir de la peau d’un veau mort-né). 83 représentations furent réalisées. Ce nombre paraît insuffisant au regard du nombre des départements de l’époque (de plus la France s’étendait alors sur une partie du nord de l’Italie, la Suisse, la Belgique…) Cependant Pierre-Joseph Redouté avait été rappelé par Joséphine de Beauharnais qui voulait que l’on continue la peinture des fleurs de la Malmaison. Il fut très difficile de débrouiller l’écheveau de tous ces cépages. De l’œuvre ampélographique (expliquer) de Bosc, trop lourde pour les épaules d’un seul homme, ce sont ces seules peintures qui survivront.

En 2017 le responsable du fonds documentaire de l’Académie d’agriculture de France reçut un coup de fil d’un journaliste qui demandait à voir le vélin de Redouté concernant le Piquepoule grise de l’Hérault. Ce fut une surprise car personne ne savait qu’il pouvait y avoir des vélins à l’académie d’agriculture. Le responsable du fonds documentaire fit alors des recherches et au bout d’un certain temps (janvier 2018) finit par retrouver, dans une vieille couverture, un carton à dessin contenant 83 vélins, sans avoir l’assurance qu’il s’agisse des originaux. Des experts du Muséum d’histoire naturelle furent conviés pour les examiner. Ceux-ci n’avaient aucune illusion quant à l’authenticité des vélins pensant qu’il ne pouvait s’agir que de reproductions. Quelle ne fut pas leur surprise quand ils furent obligés de constater que ces vélins étaient bien des originaux.

Afin de préserver ce patrimoine culturel l’Académie d’agriculture de France décida d’en faire un livre avec l’aide des éditions Paulsen. Cet ouvrage (feuilleter avec le visiteur le livre en exposition) répertorie les 83 vélins. (Dans cette salle seules 19 reproductions sont exposées, toutes de Pierre-Joseph Redouté. Ces reproductions sont à la taille réelle ; seul le liseré noir n’est pas présent sur les originaux). Il a été demandé à un ampélographe de renommée mondiale, Jean-Michel Boursiquot (expliquer ce qu’est un ampélographe ou du moins l’ampélographie) d’analyser chacun des vélins. Sur les 83 vélins, 13 d’entre eux restent des énigmes : soit les cépages ont disparu car de mauvaise qualité, soit ils ont été décimés par le phylloxera (demander si les gens connaissent et expliquer) dans les années 1860, soit encore que lors de l’envoi des pieds de vigne par les préfets des erreurs d’étiquetage ou des pertes d’étiquettes avaient provoqué des confusions dans la nomination des vélins.